L’histoire de
mon âme, c’est l’histoire du blé.
Au printemps, j’étais
herbe au vent,
J’étais fleur, j’étais jeu et joie.
Alors, ô mon Dieu, je T’ai aimé.
J’étais fleur, j’étais jeu et joie.
Alors, ô mon Dieu, je T’ai aimé.
En été, mon
grain a mûri :
Je T’ai donné quelques œuvres.
Je T’ai donné quelques œuvres.
En automne, je
l’ai perdu !
Je n’ai plus à
te donner rien.
Je n’ai plus ni fleur, ni grain. Je ne suis plus moi,
Ni rien qui me ressemble.
De brisement en brisement,
Me voici réduite en poussière ;
Me voici grain battu, farine broyée ;
Me voici pain pétri, cuit, mordu, mâché, détruit.
Rien n’est resté de moi.
Je n’ai plus à
te donner ô mon Dieu
Ni fleur, ni fruit, ni cœur, ni œuvre ;
Plus rien qu’une bouchée soumise de pain sec.
Ni fleur, ni fruit, ni cœur, ni œuvre ;
Plus rien qu’une bouchée soumise de pain sec.
Ton pain comme
tu es le mien.
Marie Noël