L'Ordre de la Visitation


" Au cours de son ministère, l'évêque [François de Sales] avait rencontré nombre de jeunes filles, de dames, de veuves, que les austérités du cloître empêchaient d'embrasser la vie religieuse après laquelle elles soupiraient. Il rêvait d'une Congrégation d'où seraient exclues les pénitences corporelles, mais où les Sœurs se livreraient entièrement à l'amour de Dieu et à la pratique des " petites vertus " d'humilité, de patience, de douceur, qui obligent au renoncement continuel et à l'oubli de soi.
Ce projet avait été longuement mûri dans la réflexion et la prière. Le 29 mars 1610, la baronne de Chantal quittait sa famille et se rendait à Annecy ; et le 6 juin, en la fête de la Sainte Trinité, naissait en cette ville la Visitation Sainte-Marie. "
C'est ainsi que M. le Chanoine Vidal, dans Aux Sources de la joie avec saint François de Sales, résume en quelques lignes tant la fondation de la Visitation que l'esprit qui anime cet Institut.

Rencontre de Saint François de Sales avec Sainte Jeanne de Chantal...



En mars 1604, l'évêque part prêcher le Carême à Dijon. Le vendredi d'après les Cendres, il aperçoit dans son auditoire une jeune veuve : il lui semble alors reconnaître celle qu'une vision lui avait montrée comme devant être la fondatrice d'une nouvelle congrégation religieuse qu'il lancerait ! Se renseignant sur cette personne, il apprend de Mgr de Bourges qu'elle est sa sœur, la baronne de Chantal. Ce fut là le point de départ d'une amitié spirituelle qui aurait entre autres fruits la fondation de la Visitation.
Mgr de Genève et la baronne de Chantal se verront plusieurs fois durant ce séjour à Dijon, et quelques mois plus tard l'évêque acceptera de se charger de la conduite spirituelle de la veuve, lors d'une entrevue à Saint-Claude, en août 1604.
En juin 1607, à Annecy, François de Sales présentera à Jeanne de Chantal son projet de faire un nouvel Institut religieux, dont Jeanne de Chantal serait avec lui la fondatrice. (cf. L'Ordre de la Visitation : les Origines de l'Ordre).
Jusqu'en 1610, l'évêque fait le tour des paroisses de son diocèse, parfois à un rythme des plus soutenus : par exemple, du 7 octobre au 23 novembre 1607, il va dans la vallée de Thônes, puis visite ses paroisses de la région du Parmelan et enfin les bords du lac d'Annecy. " N'imaginons pas que ces voyages fussent du tourisme. Les romantiques et le sport n'avaient pas encore mis la montagne à la mode ! On peut croire que l'évêque pèlerin fut sensible à certains paysages ; mais pour lui et sa petite troupe la route, ou plutôt les sentiers et leur sol, les ravins, les escarpements, les gués et les torrents importaient plus que le décor ! Certaines de ces paroisses n'avaient oncques vu le bonnet d'un évêque ! " Les habitants, en des lieux si reculés, pouvaient inspirer quelques craintes à l'évêque quant à leur sens spirituel, mais en général, s'ils ne sont certes que peu cultivés, l'accueil réservé au prélat est des meilleurs. François de Sales écrit ainsi en 1606 à la baronne de Chantal : " j'ai trouvé un bon peuple parmi tant de hautes montagnes ! " L'évêque s'attache ainsi très fortement son peuple.
Et c'est sans compter de nombreuses autres activités pastorales. Ainsi, en 1605, l'évêque prêche le Carême à la Roche-sur-Foron, où il fait la connaissance de Pernette Boutey, " simple villageoise " dont la foi et la charité le touchent vivement (c'est probablement une des rencontres qui l'encourageront à écrire un " ouvrage important sur la charité "), puis il prêche celui de 1606 à Chambéry, le Carême de 1607 à Annecy. En savoir plus.


Ste Jeanne de Chantal


Annecy honore, avec son grand évêque, sainte Jeanne de Chantal, qui demeure la plus proche de lui. Elle nommait François de Sales son “bienheureux père” car il fut, dans une admirable amitié, l’interprète respectueux et le guide éclairé de sa conscience. Nous aimons l’évoquer parce que son itinéraire a été extraordinairement riche. Jeanne de Chantal a vécu, en suivant avec ferveur les simples chemins de la foi, les étapes de la vie d’une femme qui rayonne de sagesse humaine et spirituelle.
Jeune fille, épouse, mère, veuve, en peu d’années elle a connu la joie et l’épreuve, elle a mûri par le don d’elle-même. Dans l’épanouissement d’un couple qui s’aime et de la maternité, elle a développé sa foi et mis en pratique la charité en soignant les malades et en apportant aux pauvres une aide respectueuse. Meurtrie par la mort de son époux, la souffrance l’a marquée encore de bien des manières. Elle a su la difficulté du pardon, l’inquiétude pour l’avenir de ses enfants. D’autres deuils l’ont douloureusement frappée. Et même, il ne faut pas l’oublier, à toutes les étapes de sa vie, Jeanne de Chantal s’est vue ébranlée dans sa foi. Le doute et l’obscurité l’ont saisie au moment de tracer sa voie, dans une réelle souffrance. La sainteté est traversée de ces combats.
Au long de cette route, elle qui aimait chanter les Psaumes, elle a pu méditer ces paroles:
“Je cherche le Seigneur, il me répond : / de toutes mes frayeurs, il me délivre . . . / Goûtez et voyez, le Seigneur est bon! / Heureux qui trouve en lui son refuge!” (Ps 33, 5. 9).
Oui, elle affirmera sa résolution de se donner toute entière au Seigneur “dans une toute simple confiance”. Elle poursuivra son chemin en s’appuyant sur le pur amour de Dieu. Des frayeurs, elle est délivrée ; en Dieu, elle trouve sa paix.
8. Dans le cours de sa vie, heureuse puis blessée, elle reçoit le message de salut et devient une vraie servante de l’Alliance. Et voici que Jeanne prend le chemin de ces montagnes, dans l’esprit même de la Vierge de l’Annonciation se rendant auprès Élisabeth : elle est toute soumise à la Parole du salut, toute adorante du Verbe incarné, elle rend grâce pour les “merveilles de Dieu”, elle est prompte à exercer une charité humble et quotidienne. Elle est prête à fonder avec François de Sales la Visitation.
Nous rendons grâce aujourd’hui pour l’action complémentaire de ces deux saints, pour l’admirable foyer de contemplation qu’est la Visitation, modelé grâce à leur riche amitié spirituelle. Mère commune, Jeanne de Chantal établit la Visitation avec douceur et avec sûreté. Elle “enracine l’union” dans l’amour mutuel, l’humilité, la simplicité, la pauvreté. Ayant “tout remis à Dieu”, “revêtue de Notre Seigneur crucifié”, elle est une incomparable maîtresse d’oraison, amenant ses Sœurs et bien d’autres personnes à connaître comme elle-même “une grande liberté intérieure, . . . une sorte d’oraison toute cordiale et intime”..  (cf. Mémoire de la Mère de Chaugy)

Ste Jeanne de Chantal et les fondations de la Visitation


Le 21 mai 1605, Jeanne arrive au château de Sales, pour rencontrer une nouvelle fois l'évêque de Genève. Elle y demeure dix jours, durant lesquels François lui fait part à mots couverts de ses projets. Jeanne lui répond par cette question : " Ô mon Dieu, mon Père, hé, ne m'arracherez-vous point au monde et à moi-même ? ". L'idée d'entrer en religion se précise donc, et c'est avec une nouvelle ferveur spirituelle que Jeanne retourne à Monthelon. Ferveur spirituelle qui ne doit en rien faire oublier qu'elle est toujours torturée par ses tentations. " Tant que je pouvais, je me tenais serrée à l'arbre de la Croix, crainte que tant de voix charmeresses ne fissent endormir mon cœur en quelques complaisances mondaines ", écrit-elle. Dans l'élan, elle joint le geste à la parole, gravant avec un fer rougi au feu le saint nom de Jésus sur son cœur. Toute sa vie, la sainte gardera cette cicatrice !
Jeanne se donne plus encore aux pauvres, et, durant les vendanges de l'année 1606, elle est atteinte de dysenterie à force de secourir les malades lors de l'épidémie. Elle fait un vœu à la Sainte Vierge, et, la foi venant au secours de la maladie, se trouve le lendemain parfaitement guérie et prête à reprendre du service !
A la Pentecôte 1607, Jeanne retrouve François de Sales à Paris. A l'occasion de ce séjour, l'évêque lui dévoile ses projets, lui exposant le plan de la Visitation. Mais les difficultés sont nombreuses. Jeanne ne peut notamment pas se séparer si facilement de ses quatre jeunes enfants. Le mariage entre Bernard, baron de Thorens et frère de François de Sales, et Marie-Aimée, aînée des filles de Jeanne, facilitera les choses.
Aussi, le 29 mars 1610, Mme de Chantal fait à Dijon ses adieux à son père et à son fils aîné Celse-Bénigne, qui va jusqu'à se coucher sur le seuil de la porte en espérant la faire changer d'avis. Mais le dessein de Dieu est établi, et son père lui dit ces paroles en la bénissant : " Il ne m'appartient pas, ô mon Dieu, de trouver à redire à ce que votre Providence a conclu en son décret éternel ". Le même jour, Mme de Chantal quitte Dijon.
Elle arrive le 4 avril 1610, jour des Rameaux, à Annecy, où elle est accueillie par le saint évêque. Dès le surlendemain, elle passe un acte devant notaire, se dépouillant de tout ce qu'elle possédait en faveur de ses enfants.
Après avoir logé un premier temps chez le président Favre, dont la fille Jacqueline sera parmi les premières visitandines, Jeanne, qui dès le lendemain deviendra la mère de Chantal, inaugure le 6 juin la " maison de la Galerie ", qui pour l'instant ne dispose ni de mobilier ni de provisions… Elle y entre dans la soirée avec Marie-Jacqueline Favre et Jeanne-Charlotte de Bréchard, après que le saint évêque lui ait remis un abrégé des Constitutions, écrit de sa main. La Visitation est née. " Voici le lieu de nos délices et de notre repos ", dit Jeanne à ses premières filles. En savoir plus.

Sainte Marguerite-Marie


En 1685 et 1686, elle devient maîtresse des novices. Elle peut commencer à y faire connaître le Sacré Cœur, et quelle joie pour elle lorsque lors, de la sainte Marguerite 1685, elle trouve un petit oratoire improvisé par les novices sur lequel trône une image du Sacré Cœur dessiné à la plume ! Marguerite convie alors la communauté à se joindre à elles, mais sans succès. Bien au contraire, une nouvelle fois, une partie des sœurs se ligue contre elle, jugeant inopportun cette prétention à introduire un nouveau culte.
Et Marguerite-Marie n'est pas au bout de ses peines. Ayant rendu au monde une jeune fille dont elle pense la vocation forcée, elle s'attire les foudres du père qui, homme influent, lui tresse une réputation de folle et d'incompétente. Mais la maîtresse des novices ne fléchit pas, et dans l'humiliation grandit encore spirituellement.
Une autre épreuve s'abat alors sur elle. Le Père la Colombière est décédé trois ans auparavant. Or voici que quelques jésuites décident de publier un ouvrage reprenant ses écrits, La Retraite Spirituelle. Or, à la lecture du livre au réfectoire, les sœurs entendent avec surprise le récit de la grande apparition, quoique Marguerite-Marie ne soit pas nommément citée.
La réputation de Sœur Marguerite-Marie commence à aller bien au-delà des murs du monastère. Et on la pousse à écrire sa vie, et ses rencontres intimes avec le Seigneur. Mais elle ne veut pas s'exposer, et n'aime jamais ce qu'elle a écrit. Il faut que le Seigneur lui-même lui demande de ne plus refuser d'écrire, et que son confesseur le Père Rollin lui donne l'ordre de commencer son autobiographie. S'apercevant qu'elle déchire à chaque relecture ce qu'elle écrit, il faut même lui interdire de se relire ! Toujours est-il que c'est un témoignage vivant, et une profonde marque de sa spiritualité.
Le 21 juin 1686, le monastère décide unanimement de fêter le Sacré Cœur, à l'initiative d'une des sœurs pourtant les plus opposées à l'origine. Marguerite-Marie alors sait qu'elle atteint son but : " Je mourrai maintenant contente, puisque le Sacré-Cœur de mon Sauveur commence à être connu ". De fait, le culte se développe ; des démarches sont même entreprises à Rome pour sa reconnaissance.
En 1689, Marguerite-Marie reçoit un dernier message du Seigneur : elle doit faire savoir au roi, Louis XIV, qu'il doit se consacrer au Sacré Cœur, ainsi que tous les grands du royaume, et Lui construire un lieu de culte. Le message arriva-t-il au destinataire ? Nul ne sait, mais toujours est-il qu'il n'y eut point de suites.
En octobre 1690, elle annonce à ses sœurs, incrédules, que le Seigneur veut la rappeler à Lui, et en effet, sœur Marguerite-Marie rend saintement son âme à Dieu le 17 octobre de la même année. En savoir plus.


Procession des reliques de Sainte Marguerite-Marie


Reliquaire de Ste Marguerite Marie( Monastère)

La Dévotion au Sacré-Cœur

Le Christ a choisi Marguerite-Marie Alacoque, visitandine de Paray-le-Monial, pour faire connaître au monde la grandeur de son cœur aimant.

La dévotion au Cœur de Jésus n'est pas née à la Visitation ; d'autres, avant Marguerite-Marie, avaient médité sur l'amour infini de Dieu pour les hommes. Cependant, les apparitions du Sacré-Cœur à la visitandine vers 1675, l'invention et la propagation de la garde d'honneur à la Visitation de Bourg et des 300 autres groupes établis partout en France (dont beaucoup par les visitandines), et enfin la canonisation de la sainte en 1920 furent des vecteurs primordiaux.

Cœur peint par Ste Marguerite-Marie (Visitation de Nevers)
Cette dévotion, qui fit des émules dans le monde dès le début du XVIIIe siècle avec l'érection des premiers autels, a gagné le monde entier - témoins la basilique de Montmartre ou le Christ de Rio de Janeiro. Le pape a consacré le monde au Sacré-Cœur, et nombreux furent les soldats des deux camps qui, dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, portèrent sur eux une image du Sacré-Cœur...






Assomption Allegorie Première fête du Sacré-Coeur (après 1860) Image




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